EQUERRE D'ARGENT 2016 # CULTURE - JEUNESSE - SPORT
- aoleblog
- 26 nov. 2016
- 3 min de lecture
L'équerre d'argent récompense également trois catégories, pour Culture - Jeunesse - Sport c'est le projet du Redéploiement du Centre National des Arts du Cirque qui a été primé né de la collaboration de l'agence Caractère spécial § (mandataire) avec l'agence NP2F (associé). Il comporte la réhabilitation et désamiantage des Hangars Existants, la création de salles d’entrainement, de détente ainsi que la création de logement et de bureaux.








Le Centre national des arts du cirque (Cnac) vient de quitter l’ancien cirque municipal de Châlons-en-Champagne du XIXe siècle classé aux Monuments historiques pour s’installer sur une friche agricole entre un autopont et le canal de la Marne. Un changement radical de cadre pour les élèves circassiens, qui correspond finalement à la culture de ce métier nomadique habitué des franges de ville et des axes de circulation. Dans ce contexte, le projet de Caractère spécial § Matthieu Poitevin et NP2F ne revendique aucune espèce de représentativité ou de symbolique architecturales pour cette grande école du cirque au rayonnement international. En effet, vu depuis l’autopont en balcon sur le site, l’imbrication de volumes opaques évoque au premier coup d’œil d’avantage les hangars d’une grande exploitation agricole qu’un équipement d’enseignement, même si un chapiteau signale, tel un drapeau, la vocation des lieux. Le programme du concours demandait pourtant la démolition des bâtiments de la coopérative La Marnaise, mais les architectes ont proposé de conserver le hangar de stockage et le silo à grains et, dans la continuité, de bâtir une série de volumes neufs de même typologie, en les accolant les uns aux autres jusqu’à créer un front bâti de 130 m de long face à l’autopont.
Nobles hangars
Le parti général consiste à donner à chaque élément du programme sa propre enveloppe, avec les dimensions qui correspondent à chaque usage. Ainsi, le gymnase, dit Le Grand Volant, domine la composition, au-dessus de deux autres gymnases, des salles de danse, de théâtre, de musique, d’enseignement théorique, de l’administration, de l’hébergement, etc. Tous ces volumes sont recouverts de plaques ondulées en fibrociment, matériau très économique et très répandu dans la construction de hangars agricoles, mais qui acquiert ici ses lettres de noblesse. Depuis le bas des façades jusqu’aux faîtages, les panneaux forment un manteau minéral homogène qui vibre à la lumière. Les arêtes sont nettes en toiture ainsi qu’aux angles des façades grâce à des pièces de recouvrement plates, au lieu de celles habituellement utilisées qui forment des bourrelets. Les débords de toit sont réduits au maximum pour obtenir une continuité volumétrique. Recouverte de ce même matériau, la grande porte coulissante de la façade principale se confond avec les murs. À son ouverture, les trois gymnases se dévoilent : celui pour la haute voltige, dit le Grand Volant, avec ses 21 m de hauteur sous faîtage, et ceux attenants de 10 m de haut pour le trampoline et autres techniques circassiennes.
Brut de décoffrage
Pour ces futurs artistes qui devront savoir installer eux- mêmes leurs équipements sans l’aide de techniciens et dans des environnements parfois non adaptés, l’espace de travail est le plus simple possible : caissons en bois avec isolant en guise de parois étanches sans finition aucune, et structure apparente en béton brut de décoffrage, sans même de réagréage pour boucher les creux, reprendre les arêtes, etc. Cette ossature est constituée de portiques qui, par leur caractère rudimentaire, s’insèrent parfaitement dans cette architecture de hangar. Leur aspect est monobloc grâce à une technique d’assemblage par emboîtement, sans pièces de fixation rapportées entre les éléments de charpente. Déclinés en différentes dimensions de salle en salle, ces portiques forment un leitmotiv spatial dans cette grande nappe de 3000 m2 de locaux d’enseignement, trouée de patios. On y déambule comme dans une ville, chaque entité programmatique formant une sorte d’îlot doté de sa propre volumétrie, desservi par des rues intérieures, tantôt vastes et lumineuses, tantôt confidentielles. Comme celle, étroite et presque sombre qui mène à un patio hors du monde, bordé de l’ancien silo à grains de la Marnaise dont l’intérieur, resté totalement dans son jus, deviendra peut-être un petit musée du cirque. *
*texte extrait de la publication AMC n°245 - Photographies http://www.np2f.com/
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